Data & innovation: cocréons la santé de demain!

Portrait de Florian Rossiaud-Fischer

Florian Rossiaud-Fischer est Responsable de l’innovation et des partenariats stratégiques à l’Hôpital de La Tour (GE). Son quotidien consiste à traduire le potentiel des nouvelles technologies en des applications concrètes et implémentables dans le domaine de la santé. Parallèlement, il s’investit dans des start-ups et groupes de réflexions pour répondre aux besoins des patients de demain. Auparavant, il a travaillé comme Healthcare data scientist au sein de la licorne américaine DataRobot ainsi que plusieurs années comme consultant auprès d’hôpitaux et d’organisations de santé en Suisse.

Florian a réalisé des études en économie à l’Université de St-Gall, puis d’informatique et sciences des données à l’Université de Zurich pour enfin suivre une formation pratique en Design Thinking à l’Université de Stanford.

Soigner la santé

Une société en pleine évolution est exigeante, mais aussi stimulante. De ces évolutions émergent les opportunités de repenser notre santé, d’éliminer les désagréments de notre système et d’améliorer la qualité des soins.

Oui, le monde de la santé change : les technologies médicales sont en plein essor, les patients ont de nouveaux besoins, la population attend du système hospitalier qu’il s’occupe de sa santé… et pas que de ses maladies. Pour faire face à ces changements et en tirer parti, nous pouvons aujourd’hui compter sur une manne intarissable de données : senseurs d’activité, paramètres vitaux, données démographiques, mobilité, tests médicaux, interactions & notes avec des professionnels de la santé, données génétiques, etc. La liste n’est pas exhaustive et donne lieu à des flots d’idées. Une innovation ne se limite cependant pas à une bonne idée ou à une nouvelle technologie. Pour créer un impact durable, il faut :

  • partir de besoins ou problèmes concrets d’utilisateurs (patients, population, professionnels, etc.)
  • connaître et s’imprégner de la réalité actuelle (par exemple en intégrant les bonnes personnes) pour comprendre la situation de départ
  • s’efforcer de développer une solution intuitive, naturelle, non intrusive, qui puisse s’imposer comme nouvelle norme

Les lacunes de notre système de santé

Le système de santé suisse est un des meilleurs au monde. Néanmoins, il ne lui en reste pas des lacunes importantes. Celles-ci peuvent être regroupées en cinq catégories:

  1. Prendre soin de la santé, pas que des maladies: aujourd’hui, aucun des acteurs de notre système de santé n’est responsable ou rémunéré pour promouvoir la santé de personne qui ne sont pas (encore) malade, ni pour prévenir des risques de maladies qui pourtant pourraient être prédites. Cette approche de « santé globale » manque en Suisse aujourd’hui.
  2. Nous sommes tous des patients uniques: chaque individu est différent, avec un genre, un âge mais aussi des prédispositions propres, des antécédents, des préférences, etc. aujourd’hui, à quelques différenciateurs prêt, tous les patients ayant reçu un diagnostic vont recevoir les mêmes options de traitement ou de médicaments. Ce constat pousse vers une « individualisation » des soins.
  3. Mettre en valeur notre santé: la santé est un système complexe qui n’est pas facile à garder en équilibre. Une intervention médicale peut avoir des conséquences à long terme. Aujourd’hui, nous ne connaissons quasiment aucun indicateur pour mesurer les bienfaits d’une intervention ou d’un traitement, notamment en termes de qualité ou de résultats de santé. Cette philosophie de « valeur en santé » permet de redonner au patient les rênes de sa prise en charge.
  4. En tant que patient, chaque problème de santé est un parcours: on nomme « parcours patient » l’ensemble des étapes et des interactions qu’un patient doit parcourir pour recevoir sa prise en charge. Les acteurs sont souvent multiples, mais rarement coordonnés. Cela entraîne régulièrement des doublons, des pertes d’information et des répétitions.  « L’intégration des parcours de soins » permet de remédier à ces problèmes.
  5. Notre maladie n’est pas une surprise: même lorsqu’une urgence ou une maladie nous prend au dépourvu, notre venue à l’hôpital n’est statistiquement pas une surprise pour l’établissement. Les situations individuelles de patients ou de groupes de patients sont complexes et impliquent de nombreuses étapes (urgences, radiologie, blocs opératoires, consultations ambulatoire, unités stationnaires, etc.). Cependant, la modélisation des « flux de patients » permet d’être mieux préparé et d’anticiper plus que de réagir.

Les potentiels d’amélioration sont nombreux. En parallèle, les nouvelles technologies se démocratisent et la quantité de données disponibles ne cessent d’augmenter. Il y a tant de solutions potentielles qu’il est facile de perde de vue le seul objectif : des réponses innovantes à des besoins concrets, exprimés ou latents.

Le 9 septembre 2020 au Biopôle Lausanne, nous parlerons (un peu) d’innovation mais nous essaierons surtout de co-construire ensemble des solutions innovantes !

Photo de cottonbro

 

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